Soutien à la création sonore : lettre ouverte du PIA et de la SCAM à la ministre de la Culture
Avec LaScam, le PIA a adressé un courrier à Madame Rachida Dati, ministre de la Culture, à la suite de la publication du rapport de l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC).
Ce rapport est clair : il recommande la pérennisation de l’aide à la création d’audio à la demande, avec une enveloppe dédiée. À ce stade, cette recommandation n’a pourtant pas été suivie d’effet dans le PLF 2026.
Une position commune portée par le PIA et la SCAM
L’aide au podcast doit soutenir à la fois les auteur·ices et les producteurs, afin d’accompagner concrètement le développement, la production et la diffusion d’œuvres sonores ambitieuses et indépendantes. Il ne manque désormais qu’une décision politique claire pour que le gouvernement affirme son soutien à l’un des secteurs culturels les plus dynamiques, créatifs et tournés vers l’avenir.
Voici la lettre adressée à la Madame la Ministre de la Culture Rachida Dati :
Paris, le 4 décembre 2025,
Objet : Bilan de l’aide aux autrices et aux auteurs d’audio à la demande
Madame la ministre,
LaScam et le PIA – Syndicat des producteurs et indépendants de l’audio, qui représentent les auteurs et les producteurs de la création sonore non linéaire, ont pris connaissance avec un très vif intérêt du rapport d’évaluation de l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) de décembre 2024, rendu public en septembre dernier, faisant le bilan de l’aide aux autrices et aux auteurs d’audio à la demande dispensée par la DGMIC.
Ce rapport d’une grande qualité appelle plusieurs observations conjointes de notre part.
Nous nous félicitons que l’IGAC préconise une pérennisation du dispositif, en proposant de rouvrir l’aide pour une nouvelle période de 3 ans, à enveloppe constante de 500 000 euros, après deux années blanches, 2024 puis 2025. Une inscription de ces crédits au programme 180 du budget de l’État nous paraît à même de satisfaire à cette recommandation.
Néanmoins, nous devons constater que la version du PLF discutée actuellement au Parlement n’inclut pas une telle pérennisation. Nous appelons à votre bienveillante mobilisation pour convaincre le Gouvernement d’introduire cette reconduction dans le PLF pour 2026. Dans l’hypothèse où vous viendriez à considérer ce courrier au cours de l’examen du PLF au Sénat, nous vous serions très reconnaissants d’introduire cette reconduction dès cette première lecture en chambre haute. Autrement, une CMP ainsi qu’une seconde lecture laisseraient des possibilités au Gouvernement d’amender le texte en ce sens. Vous pouvez compter sur notre soutien à un tel projet d’amendement.
Concernant la nouvelle ventilation proposée par l’IGAC en deux volets, - une aide à la création sonore et radiophonique, une aide à la production d’audio natifs à la demande structurante - nous partageons le constat réservé de l’IGAC sur l’effet levier de l’aide sur la diffusion des œuvres bénéficiaires. Toutefois, les choix effectués doivent garantir un équilibre réel entre les besoins des auteurs et ceux des producteurs, indispensables à la structuration éditoriale, économique et juridique de la filière. Le soutien à la création et celui à la production doivent avancer de manière cohérente pour permettre la réalisation, l’accompagnement et la diffusion d’œuvres originales ambitieuses.
Dans cet objectif, nous approuvons le principe qu’une partie de cette aide soit réservée à la production indépendante, à condition qu’elle encourage des contrats conformes au droit applicable et une rémunération juste et équitable des auteurs, tout en permettant aux entreprises de production d’assurer leurs responsabilités éditoriales et économiques.
Les auteurs et les producteurs sont d’ores et déjà d’accord que cette enveloppe soit répartie de manière plus équilibrée et d’engager sans délai la mise en œuvre opérationnelle du dispositif. L’ensemble de la filière est donc en attente d’une décision rapide du Ministère pour que le dispositif puisse être activé sans délai.
Nous saluons également la reconnaissance par l’IGAC de l’éligibilité des acteurs associatifs et locaux. En revanche, l’idée d’utiliser le Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) pour inciter la production d’audio à la demande ou faciliter la diffusion des œuvres lauréates nous semble contraire à la vocation de ce fonds, destiné à soutenir des structures ayant une mission de communication sociale de proximité.
Enfin, si le rapport partage l’intérêt de poursuivre les travaux relatifs à un régime juridique spécifique pour l’œuvre sonore, nous considérons que les besoins du secteur rendent désormais cette étape indispensable. L’absence de cadre propre fragilise à la fois les auteurs, les producteurs, et la capacité du secteur à faire face aux plateformes, aux usages numériques et à l’essor de l’intelligence artificielle.
La reconnaissance juridique claire de l’œuvre sonore est une condition préalable à toute structuration durable. Celle-ci devra s’accompagner de la création d’un droit voisin des producteurs de podcasts, afin de rééquilibrer les relations économiques avec les plateformes de diffusion qui exploitent aujourd’hui gratuitement les œuvres et se nourrissent de leur valeur.
Par ailleurs, la mise en place d’un crédit d’impôt dédié au podcast, permettrait à la création sonore d’accéder aux outils de soutien déjà ouverts à toutes les autres industries culturelles. Sur la base des recommandations de ce rapport et de nos propositions, nous sommes prêts à contribuer, sous votre égide, à la mise en place d’une feuille de route. Celle-ci permettrait de construire une politique innovante et ambitieuse dans le secteur de la création sonore, parent pauvre de la réflexion des pouvoirs publics mais très appréciée du public
Auteurs et producteurs sont parfaitement alignés et disponibles pour déployer immédiatement les mesures. Nous n’attendons plus que la décision du Ministère pour agir sans délai et transformer ces recommandations en actes.
Nous restons à votre entière disposition pour l’organisation d’un rendez-vous et vous prions de croire, Madame la ministre, à l’expression de notre haute considération.
Hervé RONY, Directeur général de LaScam
Katia SANEROT, Présidente du PIA – Syndicat des producteurs et indépendants de l’audio